Dans le cadre de sa feuille de route, Trivalis 2030, vers les ressources de demain, le syndicat a organisé un second petit-déjeuner thématique, dédié aux biodéchets, déchet pour lequel les collectivités sont tenues de proposer à leurs usagers des moyens de collecte, depuis le 1er janvier 2024. Alors biodéchets, contraintes et/ou opportunités ?
Retour sur ce petit-déjeuner avec des témoignages et retours d’expériences de différents acteurs publics et privés.
Un contexte réglementaire qui évolue
La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (loi AGEC) de 2020, impose à chacun de repenser ses pratiques face à un constat : les biodéchets représentent encore un tiers de nos poubelles, soit 2,8 millions de tonnes de déchets par an au niveau national (source : ADEME). Et pourtant, de nombreuses solutions existent pour valoriser ces déchets qui peuvent avoir une seconde vie en devenant du compost !
En Vendée, certaines collectivités proposent, depuis de nombreuses années déjà, des composteurs individuels pour leurs usagers ou encore des pavillons de compostage partagés. D’autres, en territoire plus urbain, testent ou vont tester prochainement de nouveaux moyens de collecte.
Pour accompagner ce changement, Trivalis a organisé, vendredi dernier, un deuxième petit-déjeuner thématique : « Les biodéchets : contraintes et/ou opportunités ? », réunissant élus, experts et professionnels. Ces derniers ont partagé leurs retours d’expérience avec des solutions concrètes mises en œuvre sur leurs territoires, permettant une meilleure valorisation des biodéchets.
Des interventions instructives
La matinée a été ponctuée d’interventions diversifiées et de retours d’expérience inspirants, évoquant les défis et opportunités liés à la gestion des biodéchets. Parmi les experts présents :
– José Parets et Emma Guillou, de la commune de Brétignolles-sur-Mer, ont partagé leur retour d’expérience, avec la mise en place de composteurs partagés.
Cette commune du Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, de 5 100 habitants à l’année et accueillant 50 000 personnes l’été, possède près de 68 % de résidences secondaires. En 2023, Brétignolles-sur-Mer a été sélectionnée par Trivalis, comme « Commune vitrine » pour la mise en œuvre et le suivi de sites de compostage partagé.
Après une première phase d’identification des quartiers et d’enquêtes auprès des habitants, plusieurs composteurs collectifs ont été installés sur 3 sites différents : La Chalonnière, les Jardins familiaux et le Pressoir, grâce au financement de l’Agglomération du Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Deux sessions de formation ont ensuite été dispensées par Trivalis auprès des volontaires afin qu’ils puissent par la suite assurer les permanences sur les différents sites.
Après un an de mise en service, plus de 12 tonnes de biodéchets ont été valorisées en compost sur l’ensemble des 3 sites, qui comptent environ 25 référents et près de 40 apportant par semaine, par site.
– Agathe Bigeard, de Cyclad, syndicat situé en Charente-Maritime qui assure la collecte, le traitement et la valorisation de déchets, a apporté une expertise sur la collecte séparée et la valorisation des biodéchets, mise en place sur le territoire depuis 2021.
Cette collecte séparée des biodéchets s’opère sur le territoire grâce à :
– Un dépôt en point d’apport volontaire à clé. La collecte s’effectue ensuite à l’aide d’un camion avec bras robotisé et lavage de la cuve robotisé.
– Un traitement des déchets en plateforme de compostage avec 1 000 tonnes collectées en 2023, et 1 500 tonnes attendues en 2024
Prochainement, le syndicat envisage d’autres pistes d’actions comme :
– Un composteur grutable en collecte séparée
– Un composteur partagé en gestion de proximité
– Emmanuel Limousin, de Suez, a ensuite souligné les innovations dans le traitement des biodéchets avec la plateforme de compostage Fertiloire à Vallet (44), qui transforme chaque année près de 24 000 tonnes de déchets organiques (déchets verts, déchets alimentaires et boues d’épuration) en compost. Le fertilisant produit est ensuite utilisé par les exploitations locales agricoles.
L’intervenant a également rappelé l’importance de la caractérisation afin de mieux connaître ses déchets et ainsi réduire le taux d’indésirables, identifier les tournées les plus “sales”, cibler la communication auprès des usagers et pouvoir suivre ses actions.
– Maxime Du Bois, de L’Assiette au Champ, a fait un retour d’expérience sur la valorisation agronomique des biodéchets.
La plateforme de valorisation, en exploitation à Nantes depuis septembre 2023, représente 10 tonnes par jour de restes alimentaires valorisés via des partenaires agriculteurs. Les biodéchets deviennent ensuite une ressource énergétique et un fertilisant local.
Cette solution contribue à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, avec près de 200 tonnes de CO2 évitées chaque année.
– Didier Moussieau, de GRDF, est revenu sur le potentiel énergétique de la méthanisation. L’intervenant a rappelé que le contenu carbone du biométhane est 10 fois inférieur au gaz naturel et comparable aux autres énergies renouvelables. Les biodéchets peuvent venir en complément sur des unités de méthanisation :
– Sous forme de soupe (déjà préparée)
– Ou bien pour hygiénisation et intégration dans le digesteur
Des solutions multiples
Que ce soit via un composteur à domicile, une solution de proximité en compostage partagé ou via une collecte séparée, les solutions pour traiter les biodéchets sont multiples et doivent s’adapter à chacun des territoires.
Les objectifs majeurs : créer de nouvelles ressources (compost ou biogaz) et ainsi réduire les déchets à enfouir afin de préserver l’environnement, tels sont les grands enjeux de la feuille de route Trivalis 2030.
Pour en savoir plus sur les objectifs et actions mises en place, cliquez ici.